L'artiste

 

L'artiste se prépare, prêt à agir, il apprête son matériel et vérifie que tout soit pourvu. L'inventaire est précis, net et sans défaut. Sa table d'ouvrage est propre et vide. Rien ne rappelle ce qui lui précède. Virginité de marbre. Même ses visions d'un monde meilleur pour sa réalisation n'existent plus. Entre ce qu'il veut et ce qui sera, la réalité est. Son atelier est aussi impeccable que son esprit est confus. Son humeur exécrable refoule toute aide possible. Pour lui, c'est normal, le chaos précède toujours l'ordre. Il l'a compris en s'égarant. Alors la tenue minutieuse de la matière le rassure et il se discipline à cette préparation pointilleuse de son espace de travail. Il ne sait rien de ce qui naitra de ses mains. La vision s'ajuste au fil du cheminement créatif. Rien n'est dans sa tête, tout est en esquisse. Ses mains frétillent comme le poisson à l'hameçon. Aucune direction juste des soubresauts d'impatience. 

Ses mains, il les connait bien. Une fois lancées, elles n'en font qu'à leur tête, comme si elles flairent les failles à suivre. Elles prennent, cassent, brisent en morceaux, trient, polissent. Et puis un fragment convient, comme la pièce d'un puzzle, unique aux contours précis. La moindre aspérité est étudiée, touchée. La texture de l'éclat en dit long sur la qualité qu'il donnera en tant que tesselle. Sa teinte sera exacte dans les subtilités des nuances. Tout viendra se recomposer avec exactitude. Du fouillis et de l'amoncellement de ce bazar naitra un dessin élaboré.

La tâche sera longue et éprouvante au-delà du senti. Il sue son dégout de vouloir bien faire. Mais pour l'instant, son agitation émotionnelle est à son comble. L'atelier l'étouffe. Il sent l'appel de l'air qui le pousse à sortir. Mains dans les poches, il part nu pied en forêt. Il se laisse faire. L'inspiration, se respire, se marche. Tout est à portée de pas. Le bas de son corps capte la rugosité ou le velouté du sol. Les lignes et courbes du paysage l'inspirent. Les écorces lui parlent de la rudesse de son cœur. L'harmonie des compositions végétales l'enflamment. Il s'emplit l'esprit en abondance. Il crache sa volonté de bien faire. Tout est rythme, équilibre des forces et des lumières. Les anfractuosités lui en disent long sur son imperfection. Tout est en nuance. Le beau n'existe pas, mail la sueur de l'expérience, oui. Il pense souvent que l'inspiration n'existe pas mais bien la transpiration.

Le flux et le reflux de son souffle le calme finalement, comme le sable sec s'abreuve de nouvelles vagues. La forêt s'épaissit, ses pas s'alourdissent. Les arbres semblent de plus en plus grand. Son impétuosité se fait minuscule face à leurs imposantes statures qui se sont bâties en décennie. Ses bras enlacent les troncs. Son cœur se fait sève. Il monte vers les cimes . Il s'étire à l'infini. Ses mains touchent le ciel et ses pieds la terre. L'espace vide dissout tous les doutes. Sa table d'ouvrage devient vision d'un monde meilleur. il peut revenir sur ses pas et se mettre à la tâche. tout est là.


Discrétion

Les anciennes attestations de déplacement me servent de brouillon ... je suis en panne d'inspiration … et écrire au dos de cette feuille me redonne du pouvoir de création… ça craint, c'est demain la deadline pour le journal ! Un semblant de panique précède cette décision d'écrire ce qui viendra là maintenant. Je mets de côté l'angoisse de la page blanche. Je m'y mets et fais un tour d'inspection de mon état intérieur. 

En fait c'est pas la Joie ! Je me sens seule et lasse. J'ai laissé s'échapper mon petit grain de folie. Pourtant, je vis dans les conditions idéales. Je suis une privilégiée et j'en ai conscience et remercie tous les jours. Je suis chez moi, au milieu d'un jardin, lui-même entouré de champs et de forêts … tout est là et rien de plus pourrait combler ma joie d'être vivante et en bonne santé. Je musarde dans la nature et je décide de m'asseoir stylo en main. Je laisse mes pensées s'envoler vers ceux dénués de tout ça … je commence à imaginer ce qu'ils peuvent vivre isolés, dans un monde bétonisé. Mon cœur ne peut supporter la douleur d'être coupée ainsi et je pense à cette idéologie ambiante du « sans contact » qui contamine toute les libertés d'échange. J'erre dans ce monde dénué de sens encore quelques instants … là pour de vrai c'est pas la joie ! Alors, je décide de revenir à moi … là ici et maintenant. Je respire et reprends contact avec mon environnement direct : la terre sous mes fesses, l'eau qui coule, le chant des oiseaux, le vent frais, les rayons du soleil à travers les arbres. Un beau spectacle réjouissant. À quelques pas un chevreuil vient s'abreuver à la rivière ... il ne m'a pas vu … je deviens invisible … je respire tel un végétal … je suis présente dans une grande discrétion … un compagnon vient laper l'eau à son tour … instant en suspension … ils partiront comme ils sont venus … me voilà sans aucun doute invisible …

Alors je pense à tout ceux qui agissent en conscience et en douceur autour d'eux, sans faire de bruits. Ma vision embrasse un flot de femmes et d'hommes intimement liés par une œuvre commune discrète pour bâtir … sans aucun doute … un monde meilleur … Ce virus fait bien perdre la raison à certains et pour d'autres ouvre … sans aucun doute … la voie royale du cœur.


Inspirons-nous

Les cycles saisonniers nous habillent de sensations nouvelles ... au gré des flux et reflux naturels, nous sommes contraints de nous laisser faire par leurs rythmes changeants. Nous sommes les sujets de transformations perpétuelles. Et à l'heure printanière, nos capacités d'adaptation sont encore mises à l'épreuve. 

Inspirons-nous ?  Les vents nouveaux nous poussent-ils sans cesse à vivifier toute notre personnalité ? Chacun dans sa bulle d'activité, nous courons après le temps, respirant par petit coup saccadé, ne prenant pas le temps de belles inspirations pour mieux expirer. Un moment de pause est … un moment en suspens … un peu hors du temps … un temps où l'on pourrait …. prendre le temps … de regarder pousser les arbres ! …. Silence

Quelle occupation désuète à l'heure de la modernité ! Pourtant, l'air du temps est bien de cultiver des espaces de possible où pousseraient des élans nouveaux, des inspirations ressourçantes, de fertiles visions intérieures …. Si nous voulons donner la force à nos idées et projets, offrons-nous ce temps de regarder pousser les arbres ! Soyons attentifs à leur fabuleuse vitalité qui les poussent toujours à vouloir aller plus haut et à tendre leurs branches vers leurs compagnons d'immobilité et de silence …

 

L'arbre du silence porte les fruits de la paix

Proverbe arabe


La terre du ciel

Aucun arbre ne se ressemble. Pourtant, leurs racines s'ancrent dans la même terre et leur croissance les déploie vers le même ciel. 

Chaque arbre est unique dans ses formes, lignes et silhouettes, troncs dessinés, branches déployées, ouverture du feuillage. Sorte d'empreinte laissée à l’horizon … il est là … simplement là.... bien planté dans la terre.

Assis auprès d’un arbre à observer sa poussée vers le haut, pourrions-nous voir dans sa ramure la reliance à la terre qui soutient sa présence ? Il est là …. simplement là…. il ne rentre pas en multiples considérations, comparaisons sur son voisin.... il déploie ses qualités …. tout simplement.

La terre est un sanctuaire partagé par des milliards d'arbres, elle porte en elle un combinatoire infini de différences et de similitudes d'espèces. chaque arbre est unique. Chacun des êtres humains qui peuplent la planète est à l'image de chacun de ses arbres : singulier, unique, original. chaque arbre a sa place dans un panorama.Pourrions-nous voir que chacun apporte à l'ensemble du paysage sa touche personnelle ? Chacun se dit, je suis le centre de mon monde. Mais pourrions-nous nous dire : oui je suis le centre de mon monde …. mais mon monde englobe tout … mes qualités sont là …. simplement là ….je suis à ma place et je contribue de mon point de vue à l'ensemble. jej fais parti d'un tout , au service d'une humanité plus harmonieuse. Toutes les touches personnelles, les plus petites qui soient sont les bienvenues pour tisser la trame du changement … pour faire de notre monde ... un monde meilleur.

 

Même la plus petite personne peut changer le cours de l'avenir.

Tolkien dans Le Seigneur des anneaux

 

 

 

 

 

 

L'audio en ligne ici


Uni-vers

Soyons Uni-Vers le meilleur en soi et en chacun … au pied d'un arbre … Oui, les Rêves sont possibles … Il est essentiel de continuer de rêver, quand nous sommes épargnés par les tempêtes … Il est essentiel d'aller dénicher dans les méandres de notre être, tous les courants d'indifférence, de rejet, d'intolérance, de haine, de conflits et d'agression, … ils pourraient nous transformer en forteresse de guerre... si la tempête venait à passer par là … Allons à l'essentiel … Pacifier … Equilibrer la balance... pour ne pas sombrer à l'écoute des désastres humanitaires … Cultiver une vision positive d'une terre respectée … pour ne pas se décourager face à l'ampleur des catastrophes écologiques … Accueillir le différent ... pour ne pas rejeter ce qui ne nous ressemble pas … Persévérer dans nos œuvres personnelles … pour ne pas baisser les bras face aux déluges des conflits sur terre … Rire … Eclater de rire … pour désarmer … pour chasser la peur … pour contrer l'horreur … Entraîner … nos cœurs à embrasser la détresse... nos visages à donner des sourires … nos mains à donner de la douceur. 

Oui, il est essentiel d'alimenter le réservoir du meilleur pour l'humanité … de poursuivre avec courage, chacun nos ouvrages engagés … afin d'être des sentinelles apaisées et d'offrir des havres de paix.

 

L'humanité court à son suicide si le monde n'adopte pas la non-violence.

Mahatma Gandhi


Des pieds au ciel

Au pied d'un arbre, le rêve est possible … rien ne presse tout est là, relié de bas en haut et de haut en bas ... l'ascension est facile ... au fil de l'écorce … le corps se hisse, s'allège jusqu'à la cime …. comme une araignée tisse sa toile …. nos rêves se brodent de fibres d'espoir et d'élans nouveaux …. il suffit de prendre un bateau et d'accoster dans un monde meilleur … une pluie d'étoiles filantes essaime les pensées dans de multiples directions … L'altitude donne le vertige … rien de plus beau que de changer de point de vue … les certitudes s'émiettent … les planètes continuent leur danse céleste ... les croyances s'effacent ... le temps passe et l'humanité laisse ses traces. Pour garder le cap, la boussole intérieure devient une évidence ... les souffrances seraient-elles des miettes de l'existence ? Un immense espace de possibles s'offre à l'expérience … des pleurs reflets des douleurs … des rires fusent en écho au plaisir … partage des sensations d'habiter sur terre … des larmes emplissent les yeux curieux de ses habitants … valse des grands malheurs et des petits bonheurs … joies simples à donner … Accueillir, la seule chose que nous puissions réellement nous donner … et s'offrir des défis, pour continuer d'ouvrir des yeux rieurs vers les étoiles.

Rien ne presse … le temps s 'écoule au rythme des multiples prises de conscience de chacun …. Au pied de l'arbre, se déposent les poussières d'étoiles d'un rêve commun à l'humanité … Soyons Uni-Vers le meilleur en soi et en chacun.

 

Il faut encore avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse

Nietzsche


Tête en terre

Notre corps est un chemin incontournable. Grâce à lui, on donne corps à nos pensées, nos paroles, nos gestes. On rentre en relation avec notre environnement, et notre entourage. Nous agissons sur le monde, et le monde nous émeut.  Au-delà des flux nerveux, un réseau sensible se tisse autour de nos expériences. Le monde émotionnel paraît. Et tel un courant d'air, il nous oblige à vivre nos émotions, comme une grande respiration. : ds cycles successifs pour apprendre à les accepter, les intégrer et les transformer. Mais parfois, trop d'émotions se côtoient  et nous sommes submergés. Elles attendent au comptoir. Elles attendent le seul service qu’on peut leur rendre  : les écouter. Seulement les écouter pour comprendre les besoins cachés derrière. Nous voilà trop occupés pour ça. Alors à la longue, nous sommes pris à notre propre piège. Nos émotions s’émulsionnent pour un rien,  nos corps perdent de la souplesse, nos pensées empruntent des chemins habituels, notre respiration reste superficielle, nos gestes deviennent brusques.. Il n’existe plus de nouveaux chemins d’exploration. L’insécurité règne en maître et les habitudes nous rassurent. Nous sommes comme statufiés dans des comportements d’auto-destruction. Nos attitudes et comportements ne changent plus.  Nous ne sommes plus en situation d’accueil de nos émotions. Nos ressentis se censurent. Le monde extérieur, les autres peuvent être perçus comme des ennemis. Le monde nous agresse, les gens nous attaquent. Les blessures sont multiples. Nous n’avons plus accès à cet état de fraîcheur et de renouveau,, que nous offraient auparavant le monde des perceptions et des sensations. Plus de ressources pour nous libérer de nos carcans. Cet état de détresse nous pousse à puiser en nous. Nos os deviennent notre terre; ils nous articulent dans tout cohérent. Une structure minimum nous rappelle notre existence solide dans ce flux incessant et liquéfiant de nos émotions. Les heures passent, le corps résonne de signaux d’alarme. Les cellules se renouvellent tant bien que mal et s’évertuent à un construire un nouvel état de grâce. Et puis, arrive un brin de rien qui arrive à nourrir l’audace. Là où chacun peut s’encourager à franchir le pas, se trouve le petit grain de témérité, la brindille du courage. Le fil de soie du dépassement de soi permet d’embrasse bras le corps son rêve d’un monde meilleur pour soi et pour les autres.