Sans frontières

Entre ciel et terre, aucune frontière

Le terrestre et le céleste se fondent sans séparation

Aucune limite dans l’espace en union

Liberté de l’Air d’insuffler sans barrières

 

Dans le ciel et sur la terre, des échos de prières 

Les gardiens veillent aux bonnes vibrations

Ils sont garants de la bonne circulation 

De toutes ses belles énergies se liant comme l’eau d’une rivière.

 

Souffle nouveau d’un vent de plénitude

Pour ceux qui vivent l’absurdité d’une vie rude

Et qui sont soutenus par ceux qui mettent du baume au coeur

 

Grandeur et splendeur du vaste monde

Où toutes les prières de tous les coins de la planète sont fécondes

Pour s’épanouir en chacun et partout dans une grande douceur 

 


L'altitude

L'immensité du ciel épouse la ligne d'horizon…. aujourd'hui j'ai décidé de suivre l'envol de l'aigle. J'ai pris place entre ses ailes et j'ai vu la terre s'éloigner. Ses ailes se sont étendues et nous avons chevauché les vents jusqu'à un lieu plus élevé. Au loin un nuage de pluie abreuve une parcelle de terre. Là-bas, des rayons de soleil inondent une colline, ailleurs un arc-en-ciel sur une plaine urbaine. Un vaste panorama s'est ouvert à nous, et j'ai vu à travers son regard des détails jusque-là invisibles à mes yeux. Vision claire de l'aigle … évocation des voyages chamaniques :  convocation de ses qualités pour se détacher des soucis du quotidien et comprendre la complexité. Son regard est perçant tel un télescope. A travers ses yeux, les choses me sont apparues plus nettement. Avec plus de clarté, ma vision s'est élargie, et j'ai contemplé le monde qui s'étend en-dessous avec plus de compréhension. Nous avons suivis les courants ascendants de la compassion : prendre de la hauteur pour se dégager des entraves terrestres, laisser s'estomper les défauts, les mettre à distance … et trouver un peu plus de silence. En bas, un brouhaha incessant, le tumulte de la vie harassante de milliards de gens, des batailles opposant les nations, les peuples soumis aux puissants, … Une folie destructive à l'oeuvre aux conséquences néfastes pour tout le monde … silence d'espérance ...

Planant au-dessus des nuages, j'ai compris ce que voulait dire le renard dans Le Petit Prince : 

 

 « Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur.

L'essentiel est invisible pour les yeux. »

 

Dans ce voyage, j'ai ouvert ma perspective, j'ai trouvé des points de vue nouveaux, amorcé un discernement plus fin, augmenté mes perceptions du monde d'ici-bas pour donner du sens à ces choix parfois insupportables. J'ai scruté au-delà du pire, le meilleur.

 


Le fun de l'âme

Sur le fil du funambule une humeur pas sage erre. Le funambule passe d'un monde à l'autre tel un apprenti sorcier. La fièvre qu'il a laissé monté en lui tout en se préparant, est là comme un atout pour l'évolution. Il a dû, avant de se lancer dans le vide, pourfendre les discours mensongers, déjouer les traquenards, éteindre les paroles en l'air de ceux qui agitent les débats.

La foule est dense derrière lui, bruyante et agitée. Il a échoué à faire taire ce brouhaha infernal et il a dû aller chercher en lui un calme profond, une caverne paisible pour y installer toute sa conscience. C'est de là qu'il a pu se tourner vers sa destinée. Il est devenu le maitre des chuchoteurs, celui qui se chuchote à lui-même des paroles de réconfort. Les mélodies de ses propres sons, la magie de ses mots l'accompagneront lors de sa traversée comme des ondes de choc. Il a porté loin son regard sur la ligne d'horizon.

Son premier pas a été d'accepter le monde tel qu'il est et de laisser les choses telles qu'elles sont. Le silence s'est enfin fait dans la foule. Ce ne sont plus que chuchotements et soupirs. Plus de hauts ni de bas, plus de va-et-vient entre la paix et le conflit. Il est sur la ligne de crête rassemblant dans son équilibre l'harmonie et la dissonance, l'ordre et le chaos, la clarté et la confusion, le calme et l'agitation.

Ses pieds glissent sur le fil du tranchant. Il est pleinement conscient de sa respiration. Son regard est aimanté vers cet ailleurs du levant. Il vit la quiétude du cœur, il est devenu la paix qu'il cherchait depuis longtemps. Maintenant il peut se tourner à nouveau vers le couchant. Il s'est fait magicien des mots. Ses mots sont devenus des enchantements face aux polémistes en tout genre. Il éveille la beauté en chacun pour qu'ils se mettent en marche vers un monde meilleur.


Le sum de l'âme

 

« Oui ! se mettre en marche vers un monde meilleur », tourner son regard vers l'intérieur et contempler sa beauté. Ecouter sa propre voix, faire résonner ses propres mots, enchanter le monde et faire taire les polémistes en tout genre. Le couchant le happe vers le bas. Il rêve de la paix intérieure comme un songe lointain, inaccessible. Il rêve sa vie au lieu de vivre une vie de rêve. Embourbé dans un tas d'idées , il erre de passage en passage vivant une vie parallèle pas bien réelle, se perdant dans le labyrinthe de ses pensées. Rien n'est aimanté en lui, l'attirant vers un nouvel ailleurs.

Dans le ravin en dessous du fil tendu où il s'est perdu, pas d'horizon. Là-haut, le défie le funambule. il ne voit lui, que les lignes escarpées d'une falaise aride et inhospitalière. Le rêve d'en haut devient cauchemar ici.  La succession de hauts et de bas s'est transformé en trou dans lequel, il regarde le monde d'en-dessus comme une chimère.

« Cette vie dene sera jamais mienne », le désespoir l'envahit et la remontée devient impossible. Solitude extrême … Pourtant le désir de réalisation le pousse à essayer. Il sent ses pieds toucher la terre ferme. Sa respiration essoufflée lui rappelle son vivant. Sa transpiration évacue son stress. Il se sent tiraillé entre la dissonance et l'envie d'harmonie, le chaos et le désir d'ordre. La confusion et l'agitation sont remisées en arrière fond. Le calme et la clarté assainissent son équilibre. Il goûte au silence. Le brouhaha de la foule lui parvient. Il commence à se chuchoter à lui-même de n'y prêter guère attention. « Reste concentré, prépare toi à faire ta grande traversée ». Une pause bien méritée lui permet de contempler derrière lui le chemin parcouru. Il s'assoit et ressent en lui un soupçon d'acceptation et de gratitude. Le sommeil le harponne en lui même, la confiance s'enracine. Il commence à sentir la présence intérieure d'une caverne paisible. La respiration agrandit cet espace, devient la terre d'accueil d'un monde meilleur.


Le souverain

Du haut de ma tour, je domine le monde. Rien de viendra perturber mes rêveries et mes visions du futur. J'excelle dans le monde. Je contrôle le monde. Même les plus hauts vents violents de l'univers ne m'atteignent pas. Je construis mon monde futur. Un monde grotesque de modernité liquide fleurit sous mon poids. Les plus bas que terre espèrent que je sois au bord du précipice, mais personne ne peut me faire sauter. Rien ni personne ne me fera sombrer vers l'humanité. J'utilise sa stupidité. Mes grandiloquents projets sont sous mon contrôle. Tout est évalué, calculé, paramétré. Rien ne me manque, j'ai tout à portée de main. En un claquement de doigts, tous mes désirs sont exhaussés. Je bâtis un monde plus vaste, j'en suis le patriarche. Tout tourne autour de moi. D'autres mastodontes poussent comme des champignons. Je les tolère car je les maîtrise. Une armée de petites mains s'exécutent aux doigts et à l'oeil. Aucun vestige de l'ancien temps, les ruines du passé sont chassés de mon territoire. Tout m'appartient. Je construis le nouveau patrimoine. J'attire à moi les nouveaux désespérés. Les faibles sont rayés de mes plans. Je suis souverain. Mon monde s'étale partout sur terre, sur mer, je fais la loi. Le ciel me donne raison. Je suis puissant et je fais tout couler, je mets tout le monde à mes pieds, aux quatre coins de la planète, mon diktat fait loi. La justice, j'en fais mon droit souverain. Le luxe que je fais miroiter perd même les cœurs purs. Je les vois se pavaner dans ce qu'il croit être le meilleur. L'entourloupe est sublime et majestueuse. Je crée de l'absurde et du dérisoire et je leur fait croire avec audace à ce monde meilleur. 

 


L'ermite

Il était une fois dans la plus haute montagne de la terre, un ermite qui y vivait en toute tranquillité. Jusqu'au soir, où des rumeurs du monde sont venus perturber sa profonde méditation :

Ils  défileront comme des étoiles filantes sur les Champs Élysées. 

 

- " Que signifie cet écho du monde qui me parvient jusqu'ici ? "

L'ermite ajuste sa fréquence à celle du commun des mortels, et là il parvient à capter des cris de joie, une liesse générale célébrant une victoire. Ce grand yogi se dit qu'il est peut-être temps pour lui de quitter sa retraite car des signes annonciateurs de la libération de l'humanité sont en train de s'exprimer. D'habitude imperturbable, dans le refuge de sa grotte, il décide de s'étirer, de sortir de sa posture de méditant et de faire quelques pas pour aller scruter le monde avec un regard nouveau :

- « Serions-nous au coucher d'un monde ancien, et à l'aube d'une plus vaste conscience ? »

En avançant vers la lueur de sa tanière, sa sortie au grand jour lui fait l'effet d'un grand éblouissement.

- « Quel est ce miracle que j'entends s'élever à l'autre bout de la terre ? ».

Calant son souffle à celui du monde, il s'aperçoit rapidement que ce qui l'atteint, n'est qu'une sorte d'euphorie générale. Ce vieux démon de l'espoir lui a encore joué un tour. Un grand éclat de rire se fracasse sur les parois des montagnes.

- « Montre-toi grand fléau de l'illusion, raconte moi ce qui encore abuse l'humanité ? ».

Comme un coup de tonnerre, une voix résonne : 

Du pain et des jeux, et le peuple sera content !!

 

cette vieille formule magique a frappé une fois de plus. Ils se sentent comme des champions. Ils se pensent surfer sur un vent d'héroïsme. Incapable de se mobiliser pour accueillir à bras ouverts, une bonne partie de l'humanité en détresse, les voilà qu'ils s'extasient face à une poignée de gars qui courent après une vessie. Leur lanterne ne brûle pas encore du feu de la compassion. Tu peux reprendre ta profonde méditation, la médiocrité et l'ignorance habitent encore le cœur des gens. 

 

L'ermite tourne le dos à cet ersatz d'éveil du peuple, la distraction stratégique a opéré. Il entend les derniers échos de ce remue-ménage : 

Cette nuit, nous allons tous rêvés en bleu, blanc, rouge, ... le jour de gloire est arrivé. 

 

Avant de se taire et de regagner son antre de silence : 

- « Foutaise et bordel mondial, je continuerai à rêver d'un monde meilleur pour vous, en attendant que vous sortiez tous des terrains de jeux des grands manipulateurs ».